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  • Photo du rédacteurCaroline Guette-Marsac

Ruine vivante : le château de la Mothe Chandeniers, aux Trois Moutiers (86)

Dernière mise à jour : 17 nov. 2021



L'incroyable projet de la Mothe Chandeniers


Le château de la Mothe Chandeniers, dans le département de la Vienne, à une trentaine de kilomètres de Saumur, est le premier château au monde acheté grâce à l’achat collectif !


Après une période d’abandon de près de 100 ans, ce bâtiment absolument incroyable connaît, depuis octobre 2017, une nouvelle vie. L’idée de départ qui nous permet de contempler à nouveau ce joyau est à la fois simple… et folle : permettre à des citoyen.ne.s du monde entier de devenir co-châtelain.e.s et ainsi de participer au sauvetage du château et de son domaine. Dartagnans, plateforme française de financement participatif dédiée à la préservation du patrimoine culturel, a ainsi rassemblé quelques 28.000 co-châtelain.e.s originaires de 115 pays différents.


Mais il fallait une autre idée toute aussi folle pour élever le château dans son caractère encore plus unique : préserver la végétation qui a « envahi » les lieux et valoriser les écosystèmes qui ont su réinvestir les lieux. Cette seconde idée folle, nous la devons au paysagiste Arnauld Delacroix et à l’architecte Carsten Hannsen.







Naissance d'un îlot de vies au milieu d'une vaste plaine


La Mothe Chandeniers… château surgi de terre vers le XIIIème, ayant connu une longue vie pleine de rebondissements, de réaménagements… pour s’endormir dans une longue période d’inactivité suite à un incendie dévastateur survenu en 1932.


Des cendres de cet incendie fantastique ont germé les graines de l’écosystème qui nous est donné à admirer aujourd’hui. Les bois brûlés (meubles, planchers, toitures) ont créé des sédiments, mangés par des insectes, eux-mêmes mangés par des oiseaux lesquels ont apporté des graines qui ont donné naissance à des graminées, des arbustes puis des arbres.


Dans un paysage environnant sans massif rocheux, sans forêt, ni rivière, la ruine représentée par le château a permis le développement d’un écosystème riche et diversifié.


Erable plane, noisetier, orme champêtre, chêne pédonculé, daphné lauréole, sureau noir, tilleul à petites feuilles, arums d’Italie, langue de cerf, fausse capilaire, polypode commun, fougère mâle, géranium, ortie, pariétaire, etc.


Au cœur du château, la fraîcheur naturelle a permis à la nature de se développer en symbiose totale avec l’architecture, d’où la belle notion de « ruine vivante ». Certains arbres soutiennent des murs et les protègent même de la chute. La ruine et sa végétation forment un tout indissociable et un spectacle unique au monde.






Et le parti a été pris de préserver cet équilibre fragile entre la ruine et la biodiversité : « Ici, le patrimoine porte la voix d’une histoire mais aussi d’un futur où l’architecture ne se construit plus en opposition avec la nature et où la main de l’homme est destinée à composer plutôt qu’à maîtriser. « Nous avons réussi à démontrer que l’intérêt et la magie du site résidaient dans le mariage de la végétation et des ruines, autrement dit dans la fusion parfaite entre la nature et l’ouvrage de l’homme » (A. Delacroix) » (Garden Lab #12, p. 14).


Les arbres qui poussent dans le château sont constamment contrôlés et ne présentent à ce jour aucune menace pour le bâtiment.





La façade Est et sa terrasse vénitienne






Petit aparté sur l’incroyable façade Est et sa terrasse vénitienne… comme tout droit sortie d’un conte de fée… Le balcon vénitien que nous pouvons contempler aujourd’hui date de travaux de rénovation du château réalisés dans le courant du XIXème siècle. Il est composé de colonnes et balcons tenus par des tirants qui se suivent et guident notre regard le long du château (façade achevée ou inachevée… ?). Composée notamment de calcaire friable, cette façade accueille une faune et une flore particulière parmi lesquels du lichen et des cornouillers dont certains s’échappent par les fenêtres…







Pour en savoir plus


Dans les librairies : article dans le Garden Lab #12 (pp. 12-15)

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